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Les inégalités économiques se sont amplifiés rapidement dans la plupart des pays depuis le début de la crise, a dénoncé ce lundi l'ONG Oxfam dans un rapport publié à la veille de l'ouverture du Forum économique mondial de Davos.
Ainsi, près de la moitié des richesses mondiales sont aujourd'hui détenues par 1% de la population, selon l'ONG, qui rappelle que les 85 personnes les plus riches possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population.
Ces 1% les plus riches ont augmenté leur part de revenu dans 24 des 26 pays pour lesquels des données sont disponibles entre 1980 et 2012. Ce sont près de sept personnes sur dix qui vivent dans un pays où l'inégalité économique a augmenté au cours des 30 dernières années, rapporte Oxfam.
Tous les détails et conclusions de ce rapport en cliquant ici.
Il paraît que le succès appelle le succès. Eh bien, ce n’est pas tout à fait vrai. Gilles Balbastre avait fait un certain tabac avec son film “Les Nouveaux chiens de garde”(plus de 240 000 entrées). Ce qui n’a pas empêcher France 5 de reléguer son dernier opus, “Salariés sans frontières”, un 16 janvier impromptu, au-delà de minuit, et sans la moindre pub.
Les tiroirs grippés du service public
Ce documentaire, la chaîne de service publique l’a pourtant dans ses tiroirs depuis septembre 2012. Faut croire que les tiroirs sont sacrément grippés. Gilles Balbastre n’a appris sa diffusion le 16 janvier à zéro heure dix qu’en surfant sur le Net en quête des programmes télés.
Difficile de vous parler d’un film qu’aucune promotion de presse ne daigna nous présenter. Contentons-nous de celle fournie gracieusement par le réalisateur :
« En résumé, le film porte sur la destruction du travail ouvrier dans la grande région (Lorraine, Wallonie, Sarre) qui entoure le Luxembourg et le remplacement des ouvriers de la sidérurgie et des mines de fer par des salariés des services qui tous les matins partent dans le 2ème PIB par habitant du monde nettoyer les bureaux, garder les banques, servir les cafés des golden boys… »
Le social aussi honteux qu’une soirée cul
Bref, un bon sujet social comme les adorait Zola en son temps. Et qui aurait pu intéresser l’enfant chéri de la chaîne, Yves Calvi et son émission d’« actualité politique, sociale, économique ou culturelle ».
Mais bon, teuf teuf, faut dire qu’Yves Calvi est de ceux qui ont été un tantinet assaisonnés dans les “Nouveaux chiens de garde”. Gilles Balbastre l’a bien cherché !
En attendant, histoire de vous remettre de la conférence de presse insipide livrée par un président de comédie devant un parterre de quelques 600 indigents journalistes pas foutus de lui poser la moindre question un tant soit peu intéressante, essayez de jeter un œil sur ce film apparemment aussi honteux qu’une soirée cul sur Canal Plus.
Qui passe, sonnez trompettes, roulez tambours, le 16 janvier à zéro heure dix pile-poil. (Ou alors, après, ce sera le podcast, si jamais nos cauteleux serviteurs publics daignent en laisser un.)
Décryptage. L’Insee a publié hier son état des lieux social du pays en 2013. Les revenus des salariés sont en berne et les crédits pèsent lourd sur les épaules des ménages.
Les inégalités se creusent entre les Français. C’est le constat dressé par le portrait social de l’Insee pour 2013 (voir ci-dessous). Si l’institut note qu’entre 1995 et 2011 le revenu salarial moyen a augmenté de 0,7 % par an (0,8 % dans le privé contre 0,3 % dans le public), en revanche, en 2011, il stagne dans le privé et baisse même de 0,7 % dans la fonction publique. L’Insee remarque que, dans le privé, le revenu se stabilise car la durée d’emploi à temps plein baisse alors que le salaire journalier augmente légèrement. Dans la fonction publique, c’est bien le gel du point d’indice depuis 2010 qui explique cette chute. Tous secteurs confondus, cette perte salariale est très nette pour les personnes de plus de cinquante-cinq ans. En 2011, les employés français ont perçu en moyenne 20 050 euros de salaire. Mais les inégalités se renforcent. Le revenu salarial moyen des 25 % les mieux payés s’élève à 40 350 euros, soit dix fois plus que le revenu salarial moyen des 25 % de salariés les moins bien lotis. Des différences qui s’expliquent en partie par les disparités de durées d’emploi, par l’explosion du temps partiel ou du travail périodique.
Premières concernées par les temps très partiels (la moitié d’un mi-temps), les femmes sont aussi les moins bien payées. En 2011, elles ont perçu un revenu inférieur de 24 % à celui des hommes. Cet écart s’explique aussi par les différences persistantes de salaire entre les hommes et les femmes. Ainsi, l’Insee note que « cette ségrégation par secteur d’activité perdure et, en quinze ans, la parité n’a guère progressé ».
À cette baisse globale des revenus des Français s’ajoute un poids de plus en plus lourd des crédits. Entre 2005 et 2011, l’endettement des ménages pour l’immobilier a presque doublé, les encours de crédit sont passés de 442 milliards à 800. En parallèle, leur revenu disponible total a augmenté de seulement 20 % sur la période. En 2005 comme en 2011, un ménage sur deux détient un crédit immobilier et/ou à la consommation, 14 millions d’entre eux sont concernés. Les ménages endettés sont ceux qui se privent le plus. Si le crédit à la consommation leur permet d’améliorer temporairement leurs conditions de vie, ils se restreignent plus que les autres dans leurs dépenses de consommation. En 2011, 40 % d’entre eux déclarent ne pas pouvoir s’offrir une semaine de vacances au cours des douze derniers mois, contre 28 % pour les autres ménages.
Le Loup de Wall Street, de Martin Scorsese. États-Unis. 3 heures. Une comédie foisonnante dans laquelle Martin Scorsese et son acteur Leonardo DiCaprio pulvérisent l’univers boursier à grand renfort de cinéma.
Dès les séquences d’installation, l’implacable satire à laquelle va se livrer Martin Scorsese au travers de la jungle boursière se place sous les signes conjugués du spectaculaire et de l’obscénité, guidés par une incroyable énergie cinématographique. Soit Jordan, « le loup », Belfort (Leonardo DiCaprio), fait comme un rat dans un costume à deux mille dollars, célébrant l’apogée de la firme de traders qu’il préside par un lancer de nains entre les bureaux. Stratton Oakmont pèse ses cinquante millions, apogée d’un périple de voracité dont rien ne nous sera épargné, par les talents conjugués du cinéaste, du scénariste Terence Winter et d’acteurs fabuleusement habités de leurs rôles. Autant de personnages, à très peu près, engloutis corps et âme dans une addiction à l’argent, au fric, au pognon, révélant derrière le lion qui sert d’emblème à leur société des bienveillances de crotales à l’égard de leurs congénères et du reste du monde.
Ce monde des « pue-la-sueur » dans lequel « personne n’a envie de vivre ». Le film s’appuie sur le récit livresque du véritable Jordan Belfort, multimillionnaire à vingt-six ans dont l’ascension viendra se crasher contre un mur de lois qui ne se soucient pas forcément de morale. Même les fameux « marchés » ne survivent qu’au prix d’un ordre qui écarte les têtes brûlées avant de se cramer les ailes en escadrilles. Marché du vent, du rien, d’une économie de la « fugacité » qui ne profite qu’aux profiteurs et laisse hors champ les champs de ruines qu’elle induit, présents en permanence de n’être pas figurés. Ainsi le déclinera en tout cynisme Mark Hanna (Matthew McConaughey, impérial), premier mentor du jeune Belfort quand celui-ci n’était encore qu’un « jeune con cupide », selon ses propres mots, qui, en voix off, seront tenus au fil du film comme une ligne de basses, en l’occurrence de tréfonds. Belfort intègre les codes tribaux, la drogue comme un indispensable étai à qui arnaque son prochain sans entraves, le sexe comme une décharge, des plaisirs de sphincters en relâchement d’où exploseront un jour baraques à blindes d’hectares, yachts et hélicoptères, prostituées à échelles de tarifs, le tout dûment chiffré jusqu’à l’épouse trophée (Margot Robbie) qui elle n’a peut-être pas réalisé une affaire en or.
De Billy Joel en passant par Plastic Bertrand
Pour ce qui est du rock and roll, Scorsese le confie à la bande-son, de Billy Joel à Madness en passant par le Ça plane pour moi de Plastic Bertrand. Belfort avait commencé menu. Trader chez Rothschild, le krach de 1987 lui ferme le clapet mais n’entrave pas ses appétits. De petites sociétés se montent, qui fourguent à de modestes épargnants les bulles bas de gamme non cotées. Le ratissage de ses économies de plombiers rapporte en revanche de grosses commissions. Avec une bande d’escrocs au petit pied de sa connaissance, un frère d’armes, Donnie Azoff (Jonah Hill), Belfort prendra son envol de prédateur vers des paradis artificiels où sentiment rime avec Satan. Quand le FBI, incarné par l’agent Patrick Denham (Kyle Chandler), fourrera son nez dans les trous, les millions iront se faire blanchir ailleurs, chez l’un de ces banquiers suisses corrompus joué par Jean Dujardin. Mauvaise pioche. Une seconde partie du film, à sa moitié, décrira la descente en flammes de Belfort disjoncté aux quaaludes, drogue jadis psychédélique, en deux paliers, l’ensemble toujours regonflé de scènes de bravoure. De cette dépravation de plus en plus mécanique et compulsive, de ses champs lexicaux et visuels fondés sur l’expression « fuck » (baise) qui en résume tout, Scorsese nous offre une intense jubilation, de vrais fous rires aux larmes, une exultation contagieuse. Les deux dimensions de l’écran semblent cadrer à celles d’un billet de mille, fausse monnaie en libre circulation.