Jeudi 05 février, 20h 15, le Président de la République intervient pour expliquer à nouveau sa vision du monde et de la France, sur 3 chaînes de Télévision qu’il a choisi : TF1 bien sûr, France 2, M6, et une radio privé RTL, devant des journalistes qu’il a sélectionné également, et ceci pendant plus de 90 minutes. Cette intervention correspond à la totalité du temps comptabilisé sur TF1, de janvier à septembre 2008 accordé au principal parti de l’opposition, le Parti socialiste.
80 % du temps de parole donnée sur la totalité des chaînes de télévision sont ainsi octroyés au pouvoir (Président, Gouvernement, partis de la majorité). Ceci est facilement vérifiable, en se rendant tout simplement sur le site web du CSA (décompte du temps de parole).
La loi de répartition globale définie par le gouvernement, est ainsi strictement appliquée (1/3 du temps de parole au gouvernement, 1/3 à la majorité, 1/3 à l’opposition). Le temps utilisé par le Président, ou ses collaborateurs est décompté à part . Sur TF1 toujours, de janvier à septembre 2008, ce temps a représenté 3 heures 40 minutes et 20 secondes, soit 2 fois plus que celui accordé à toute l’opposition de gauche.
Le pouvoir domine ainsi complètement la petite lucarne, imposant sa présence de manière quasi permanente.
Cela explique sans doute le sentiment de défiance exprimée par les téléspectateurs à l’égard de la Télévision et de ses journalistes. Un sondage publié par TNS, SOFRES, pour la Croix en début d’année indique par exemple que 61 % des personnes interrogées estiment par exemple que les journalistes ne sont pas indépendants, à la Télévision en particulier.
Le Sénateur Jean Luc Mélanchon, lors d’une intervention à la haute assemblée a proposé la devinette suivante : « comment reconnaît on un journaliste de droite et de gauche à la Télévision ? », « et bien les journalistes de gauche sont tous au placard ».
Le mot est sans doute dur et excessif, mais il correspond néanmoins à un sentiment partagé par beaucoup, la Télévision est bien avant tout, et de plus en plus, un instrument de propagande du pouvoir.
Des nuances bien sûr sont à apporter, des journalistes résistent dans les rédactions, certaines chaînes de Télévision tentent un équilibre de la parole. FR3 par exemple, toujours selon les décomptes du CSA, essaient de régulariser plus honnêtement les temps de parole, et ses journaux sont plus neutres envers le pouvoir politique. C’est sans doute pour cela que plusieurs députés de l’UMP sont intervenus à l’assemblée nationale à l’occasion du débat sur la loi de l’audiovisuel, pour proposer tout simplement la suppression des journaux télévisés diffusés par FR3.
La révolutionnaire Rosa Luxemburg dont nous célébrons cette année les 90 ans de son assassinat à Berlin disait : « La liberté, c'est toujours la liberté de celui qui pense autrement. ».
A méditer en ce temps de main mise cathodique, et médiatique, par un Parti, un Gouvernement, un Président.
LE PCF, LE GRAND ABSENT
Dans les 20 % du temps accordé modestement à l’opposition une deuxième injustice est manifeste. Le Parti communiste français, ses militants, ses dirigeants, ses parlementaires et élus sont régulièrement censurés, ou dans le meilleurs des cas sous représentés.
En prenant en compte le temps qui lui a été décompté de janvier à septembre 2008 par le CSA, et depuis cela s’est encore plus aggravé, son passage sur France Télévision est 3 fois inférieur à celui de la LCR, 12 fois inférieur à celui des Verts, 30 fois à celui du PS.
TF1, a accordé au PCF pendant cette période 7 minutes et 24 secondes, dont la moitié à l’occasion de la fête de l’Huma.
Seule la Trois, semble être un peu plus respectueuse de ce qu’est le Parti communiste français. Le Cinq, par contre, a jusqu’à ce jour, interdit depuis plus d’un an, au PCF, tout droit d’expression, en particulier dans son émission vedette, Riposte.
Rien ne justifie cette attitude contre le Parti communiste français, troisième parti de France en nombre d’élus, qui dispose de deux groupes au Parlement, et dont l’influence électorale, en dehors des dernières élections présidentielle est loin d’être négligeable, en tout cas largement supérieure à celle de l’ex LCR qui n’a aucun élu national ou européen.
Une stratégie politique forte du pouvoir est mis en place pour minimiser le rôle du PCF, surévaluer celui de l’ex LCR, et imposer progressivement le PS, comme parti unique de l’opposition.
Beaucoup de militants du PCF, a l’occasion de son dernier congrès ont estimé que le Parti communiste était inaudible dans les médias, et en particulier à la Télévision. La réalité est qu’en fait il n’est pas audible du tout, ce qui pose de vraies interrogations sur notre démocratie.
E-Mosaïque
Article publié également dans Agoravox