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02/09/2010

Chômage : le triomphalisme excessif de la majorité

"La politique de l'emploi porte ses fruits", estime le porte-parole du parti présidentiel, qui se réjouit, au nom de son mouvement, "de cette baisse significative du chômage depuis six mois, qui marque une rupture après 21 mois de crise". Et va même jusqu'à s'enorgueillir de cette "accumulation de bonnes nouvelles économiques en moins d'un mois (croissance, emploi, prix…)", qualifiée de "tendance lourde chargée d'espoir".

Même satisfaction, ou presque, dans la bouche de Christine Lagarde. "On a des raisons de penser que non seulement on a stabilisé le chômage mais on est peut-être passé du bon côté de la stabilisation. On s'installe, je l'espère, durablement dans la diminution du chômage", explique la ministre de l'économie à l'agence Reuters.

 DES CHIFFRES PAS SI RÉJOUISSANTS

Pourtant, l'examen attentif des statistiques livrées par l'Insee relativise très fortement l'enthousiasme de la majorité. D'une part, le chiffre donné par Frédéric Lefebvre ne tient pas compte de l'outre-mer. En réalité, le chômage est passé de 9,9 % à 9,7 % sur le territoire français, outre-mer compris.

Ensuite, le chiffre cité par le porte-parole de l'UMP, issu de "l'enquête emploi" semestrielle de l'Insee, prend seulement en compte les personnes au chômage total, c'est-à-dire inscrites au Pôle Emploi et qui n'ont pas travaillé du tout durant le semestre. Il n'intègre ni des temps partiels non souhaités, ni des personnes en formation.

Le sous-emploi, c'est-à-dire les salariés à temps partiel désireux de travailler plus, ou les chômages techniques ou partiels, touche ainsi 1,48 million de personnes, soit 5,8 % des personnes en situation d'emploi. Il est en recul de 0,3 % par rapport au trimestre précédent.

Le nombre de personnes dites "proches du chômage", à savoir sans emploi mais qui ne remplissent pas les critères pour être comptabilisées comme chômeurs (car ils ne sont pas disponibles pour une recherche active, par exemple), est, lui, en nette hausse sur un an : 3,3 millions de personnes sont dans ce cas, soit 47 000 de moins qu'au premier semestre, mais 84 000 de plus qu'en septembre 2009.

PRÉCARITÉ EN HAUSSE

De plus, les emplois créés sont le plus souvent précaires. L'Insee note une hausse de la part des CDD et des contrats d'intérim, et une baisse constante des CDI. Pôle Emploi admet également une hausse des personnes en contrat aidé (+ 45,5 % en un an) et des stages (+ 11,7 %), qui sortent de fait des statistiques du chômage.

L'Insee rappelle par ailleurs les écarts abyssaux entre la moyenne du chômage et le taux constaté chez les jeunes. Le chômage de 15-24 ans en activité est en légère hausse, à 24,1 % contre 24 % au premier semestre en comptant l'outre-mer. Un chiffre qui cache une disparité hommes-femmes, le chômage de ces dernières étant en hausse de 2,3 % sur le trimestre, à 24,7 %, tandis que celui des jeunes hommes recule de 2 % à 22 %.

Chez les seniors, le taux d'emploi continue d'augmenter légèrement (42,1 % pour les 55-64 ans, en hausse de 0,3 point sur un an), mais reste bas. Le chômage des 55-64 ans, lui, s'établit à 6,3 % avec l'outre-mer, en baisse de 0,5 % sur le trimestre, mais en hausse de 1,1 % en deux ans.

Le vice-président de l'assurance-chômage, Geoffroy Roux de Bézieux, a d'ailleurs nettement tempéré l'enthousiasme de la majorité. S'il a reconnu, sur LCI, "qu'on peut dire que la hausse du chômage s'est stabilisée", il estime que "l'économie française n'est pas en train de reprendre les créations d'emploi, en dehors de l'intérim, alors que la population active continue de croître". Dès lors, estime-t-il, "se hasarder à un pronostic sur l'emploi est difficile". Depuis la crise en 2008, la France a détruit près d'un demi-million d'emplois salariés.

Journal Le Monde

18:13 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chômage, chiffres | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

10/08/2010

Recul historique de l'emploi salarié en 2009

montechusine.jpgL'emploi salarié en France a reculé de 1,5% en 2009, pour atteindre "un niveau jamais observé depuis l'après guerre", selon les chiffres définitifs publiés jeudi par "Pôle emploi".

256.100 postes de travail ont été perdus en 2009, ramenant à un peu plus de 16 millions (16.287.700) le nombre de salariés des secteurs concurrentiels. Soit un niveau voisin de 1992, date de la précédente période récession économique en France, souligne Pôle emploi.

Le secteur industriel, dans lequel travaillent 19% des salariés français, a été le plus touché (-5,2%, soit moins 168.200 postes), suivi par le secteur de la construction, employant 9,1% de la population active, qui a perdu 2,9% d'emplois, soit 43.800 emplois, après onze années de hausse consécutive.

Le secteur tertiaire, qui représente 71,9% de la population salariée totale, a enregistré une baisse de 0,4% (- 44.200 postes), essentiellement dans la branche, "commerce, réparation d'automobiles et de motocycles".

Moindre recul de l’emploi féminin

Pour la première fois depuis 1993, l’emploi féminin chute en 2009 (– 0,7%, soit – 51 400 postes), mais résiste mieux que l’emploi masculin (– 2,2%, soit – 204 700 postes). La part des femmes dans l'emploi salarié continue ainsi de progresser (+0,4 point), atteignant 44,5% fin décembre 2009. Depuis 1981, cette proportion a gagné 7,6 points.

L’arc méditerranée-atlantique au-dessus de la moyenne nationale
En 2009, hormis la Corse (+1,7%), seule région à enregistrer une hausse de ses effectifs, toutes les autres régions perdent des emplois salariés. Huit régions enregistrent des pertes limitées par rapport à la moyenne nationale (– 1,5%) : Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Midi-Pyrénées (– 0,4% chacune), Aquitaine (– 0,7%), Basse-Normandie (– 1,1%), Limousin (– 1,2%), Bretagne et Ile-de-France (– 1,4% chacune). A l’opposé, les huit régions les plus touchées sont la Picardie (– 3,8%), la Haute-Normandie (– 3,0%), la Lorraine (– 2,6%), le Centre (– 2,3%), l’Alsace (– 2,2%), Poitou-Charentes, Champagne-Ardenne et la Bourgogne (– 2,1% chacune).

 

11:33 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emplois, recul, 2009 | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

15/06/2010

45 milliards de réduction de la dépense publique d’ici 2013

François Fillon a annoncé le 12 juin lors d’une rencontre avec de nouveaux adhérents de l’UMP salle Gaveau, que l’Etat français allait diminuer de 45 milliards les dépenses publiques d’ici 2013 pour parvenir à l’objectif d’un déficit de 3% en 2013. Pour les collectivités territoriales, les transferts que l’Etat leur accorde seront gelés pour les trois prochaines années en même temps

merde.jpgExtraits de son discours :

"Engagement d’ici 2013 de ramener le déficit de 8 % à 3 %. Et tous nos efforts vont se concentrer sur cette priorité. Cela veut dire en gros qu’il faut réduire le déficit de 100 milliards d’ici 2013. 100 milliard que nous allons trouver pour la moitié dans des réductions de dépenses, et pour la moitié dans des augmentations de recettes.

Cent milliards que nous allons trouver pour la moitié dans des réductions de dépenses, 45 milliards en réduisant la dépense publique, 5 milliards sur la réduction des niches fiscales.

Et pour l’autre moitié, ce sera 35 milliards de rattrapage après la crise, des pertes de recettes conjoncturelles ; évidemment, quand on était en récession, l’ensemble de la fiscalité, la TVA, l’impôt sur les sociétés rendaient moins... Et au fur et à mesure que la croissance revient, les recettes recommencent elles-mêmes à croître. Et puis, 15 milliards qui correspondront à la fin des mesures que nous avons prises pour relancer l’économie, mais qui naturellement n’ont pas vocation à durer au-delà de cette période de relance.

Avec le Président de la République, la feuille de route que nous avons choisie est claire et elle se traduit par des décisions. Nous poursuivrons notre politique de non remplacement d’un départ sur deux dans la fonction publique de l’Etat. Depuis 2007, 100 000 fonctionnaires n’ont pas été remplacés, je ne connais pas beaucoup de pays qui ont entrepris un tel effort en si peu de temps.

Un effort équivalent sera demandé aux opérateurs de l’Etat, ce qui représente une diminution des emplois de 1,5 % par an. Nous allons réduire les dépenses de fonctionnement courant de 10 % en trois ans, avec un objectif de 5 % dès la première année. Et cet effort sera étendu aux dépenses d’intervention.

Nous adopterons un programme de réduction de 5 milliards d’économies sur les niches fiscales sur les deux prochaines années.

S’agissant de la sécurité sociale, nous respecterons notre objectif de dépenses de santé qui ne doivent pas augmenter de plus de 3 % cette année, de plus de 2,9 % en 2011, de plus de 2,8 % en 2010, et de plus de 2,7 % en 2013.

Les collectivités locales, comme c’est naturel, comme c’est l’évidence, devront participer à cet effort d’assainissement et, dans cet esprit, les transferts que l’Etat leur accorde seront gelés pour les trois prochaines années en même temps que nous mettrons en place un moratoire sur les normes nouvelles pour les aider à maîtriser leurs dépenses."

Le calendrier : 8 % de déficit en 2010, 6 % en 2011, 4,5 % en 2012 et 3 % en 2013.

10:04 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : budget | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!

22/05/2010

Déficits publics : ce que l’on vous cache

billets_de_banque.jpgC’est moins la hausse des dépenses (+ 3,8 %) que la chute des recettes 
(– 4,2 %) qui ont fortement creusé les déficits publics en France en 2009. En cause : le soutien apporté par le pouvoir aux banques et au capital contre le social.

 

D’où viennent les déficits  ? Il faut effectivement utiliser le pluriel, car si celui de l’État est le plus gros (117,2 milliards d’euros en 2009), s’y ajoutent ceux de la Sécurité sociale (24 milliards) et des collectivités territoriales (5,6 milliards). La raison de ces trous est simple et le pouvoir la cache  : c’est d’abord l’insuffisance des recettes publiques. En 2009, alors que les dépenses ont continué de croître (+ 3,8 %), les recettes ont subi une baisse sans précédent (- 4,2 %).

 

fonctionpublique.pngComment expliquer ce décalage  ? D’abord par la nature des dépenses, notamment la manière dont le gouvernement a traité la crise financière et la récession économique. Priorité a été donnée au sauvetage des banques, sans exiger que la reprise du crédit aux entreprises serve à soutenir l’investissement créateur d’emplois.

Ensuite, le plan de relance a visé à soutenir la trésorerie et l’investissement des entreprises, particulièrement des grandes, également sans souci pour l’emploi et la formation. Cela a conduit les groupes à privilégier les investissements permettant de supprimer des postes de travail pour augmenter leur rentabilité.

 

Conséquence  : si les dépenses d’investissement de l’État ont augmenté de 19,6 %, cela s’est accompagné d’une destruction massive d’emplois. Cette manière d’agir n’a pas permis d’endiguer la hausse du chômage, une hausse qui a contribué à augmenter fortement les prestations versées par l’Unedic (+ 16,8 %).

 Et à réduire les recettes, notamment de la protection sociale. Les impôts et cotisations pour la Sécu ont stagné (- 2,3 milliards d’euros).

profit1.jpgAutrement dit, l’intervention du pouvoir, en faveur du capital, négligeant le social, a coûté en termes de dépenses sans qu’elle ait rapporté ce qu’elle aurait dû en matière de recettes. La baisse des rentrées de TVA est de 7,9 milliards d’euros en 2009 (- 5,5 %), celle de l’impôt sur les sociétés de 28,9 milliards (- 58,4 %), celle de l’impôt sur le revenu de 5,1 milliards (- 10 %).

31 milliards d’euros d’éxonération de charges.

 

Cette diminution n’est pas uniquement due à la crise et à la manière de la traiter. Bien en amont de celle-ci, préparant pour partie son embrasement, les mesures prises par la droite depuis 2001 et surtout 2 007 ont réduit les prélèvements sur les entreprises et la finance. Ceux-ci, qui représentaient 17,3 % du PIB en 2000, selon les chiffres du rapport du Conseil des prélèvements obligatoires d’octobre 2009, sont redescendus à 16,7 % en 2005 et se sont maintenus à ce niveau. Ainsi, le total des exonérations de charges patronales s’élève à 31 milliards d’euros.

 

Côté fiscal, dès 2008, les recettes de l’État diminuent de 1,5 milliard en raison des allégements sur les droits de succession et de donation, de 2,3 milliards suite aux réductions de l’impôt sur les sociétés. En 2009, la baisse de la TVA dans la restauration représente un manque à gagner de 1,5 milliard, l’exonération de l’impôt sur le revenu pour les heures supplémentaires 1 milliard. À cela s’ajoutent d’autres manques à gagner  : bouclier fiscal, crédit d’impôt recherche.

 

C’est là tout l’enjeu de l’affrontement sur la question des déficits. La droite et le social-libéralisme en Europe (par-delà des affrontements, notamment franco-allemands, qui n’ont rien de secondaire) entendent réduire la dépense et les prélèvements publics pour assurer une place plus grande aux prélèvements des groupes et de la finance afin de continuer à faire de l’euro une monnaie attractive pour les capitaux. Cette politique étouffe la croissance et casse l’emploi.

 

À l’opposé, il faut s’engager vers un développement de la dépense publique pour l’innovation et le social. Cela suppose d’augmenter les prélèvements sur la finance et les entreprises et de trouver de nouvelles sources de financement des budgets publics, à partir d’un changement du rôle de la Banque centrale européenne. Actuellement, les déficits publics sont financés par appel aux marchés financiers, ce qui coûte très cher. La BCE pourrait progressivement prendre leur relais à des coûts bien moins élevés.

 

Pierre Ivorra, l'Humanité

 

11:02 Publié dans Economie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : déficit public | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | | Pin it!