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19/10/2015

CGT : Dialogue social : la démocratie ne cesse d’être bafouée

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Alors que le grand raout gouvernemental a ouvert ses portes, la CGT a été parmi les absents. Mépris de la démocratie sociale, colère des salariés, arbitrage en faveur du patronat… « Trop, c’est trop », explique son secrétaire général, Philippe Martinez.

La quatrième conférence sociale du quinquennat Hollande s’ouvre aujourd’hui. Au menu de ce grand raout qui, cette fois, se veut « thématique » : la COP21 sur le climat, la transformation numérique du travail, le compte personnel d’activité. L’occasion surtout, pour le gouvernement, de donner à voir sa feuille de route d’ici à 2017, sous couvert de promotion en grande pompe du « dialogue social », alors même que la démocratie ne cesse d’être bafouée au sein comme à l’extérieur des entreprises. Air France, STX, mais aussi lois Rebsamen ou Macron, « le mécontentement est là », juge le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez, qui, dans nos colonnes, explique le sens de « l’alerte » qu’il entend envoyer au gouvernement en refusant de participer à la conférence sociale et de cautionner ses choix libéraux. D’autant que ce même gouvernement manœuvrait en coulisse encore vendredi pour mieux, ce week-end, se féliciter d’un accord qui fait de l’allongement de l’âge du départ à la retraite la norme.

La CGT a décidé de boycotter la conférence sociale, ce rendez-vous est-il, selon vous, dénué d’enjeu ?

Philippe Martinez Cette décision est avant tout un nouveau message d’alerte au gouvernement : il est temps d’arrêter de faire plaisir au patronat et de s’occuper de la situation des salariés. Depuis plusieurs mois, la CGT propose d’inscrire leurs préoccupations à l’ordre du jour de cette conférence sociale avec la question des salaires et du temps de travail, notamment. Le gouvernement n’en a pas tenu compte. Dans le même temps, en première partie du programme, nous sommes invités à écouter des experts, souvent patronaux, sans pouvoir véritablement donner notre avis. Le gouvernement affirme que l’on pourra s’exprimer puisqu’une réunion informelle est prévue avec le président de la République. Une heure de réunion officieuse, huit organisations syndicales dont cinq de salariés et trois patronales. Le dialogue n’existe pas. Enfin, il y a la situation sociale. Air France et tout le reste. Plutôt que de s’intéresser au sort des possibles 3 000 licenciés, le gouvernement traite les salariés qui combattent ce plan de restructuration de « voyous ». Trop c’est trop.

Quelle est votre opinion sur le compte personnel d’activité, dont François Hollande veut faire l’une de ses mesures phares et qui sera au menu aujourd’hui ?

Philippe Martinez Depuis dix ans, la CGT porte l’idée d’une sécurité sociale professionnelle. C’est une proposition très innovante de progrès social pour que les salariés, quel que soit leur parcours professionnel, voient leurs compétences reconnues et ne perdent pas leur droit en changeant d’employeur. Régulièrement, les gouvernements successifs font référence à cette notion. L’important n’est cependant pas le titre mais le contenu. Nous sommes prêts, nous l’avons dit, à une négociation sur une véritable sécurité sociale professionnelle. Mais celle-ci ne doit pas s’ouvrir sur une porte déjà fermée. Le problème, en l’occurrence, c’est qu’à la conférence sociale, le rapport de France Stratégie, sur le compte personnel d’activité, sera présenté avec un minimum de débats. Puis, le premier ministre présentera la feuille de route du gouvernement en se prévalant d’avoir écouté les syndicats. Ce n’est pas notre conception de la négociation.

Depuis les événements à Air France, vous constatez une forte colère chez les salariés et vos syndiqués, pourtant, la mobilisation du 8 octobre dernier n’a pas été un raz-de-marée. Comment expliquez-vous cette contradiction du mouvement social ?

Philippe Martinez Le mécontentement ne se mesure pas uniquement dans les mobilisations interprofessionnelles. Mais aussi au nombre de conflits dans les entreprises. Et ils sont nombreux. Le 8 octobre, par exemple, j’étais en manifestation à Saint-Étienne et, à midi, j’étais sur un piquet de grève avec les salariés de Prosegur qui se sont battus contre une direction qui voulait remettre en cause leurs acquis sociaux. Le mécontentement est là, il s’exprime parfois plus fort dans les entreprises. À nous de convaincre qu’il est nécessaire de se rassembler. Avec des dirigeants qui ne cessent d’expliquer que faciliter les licenciements est la seule façon de s’en sortir, la CGT doit redoubler d’efforts, de discussions, de débats. C’est ce que nous faisons avec notre plan de rencontre des syndicats, des syndiqués et des salariés. Nous disons : « Attention, le chemin sur lequel ils nous emmènent est celui du chômage. Mais on peut travailler à d’autres perspectives. »

Les mesures gouvernementales accréditent la thèse d’un « coût du travail » qui serait trop important. Ce faisant, François Hollande, malgré ses appels au dialogue social, en durcit-il, selon vous, les conditions ?

goche.jpgPhilippe Martinez Depuis des années, on nous explique qu’aider à licencier créera de l’emploi. C’est un paradoxe assez monumental. De même, on prétend que tout s’arrangera en donnant de plus en plus d’argent aux patrons, sous forme de crédit d’impôt ou d’exonération de cotisations. Est-ce que cela a inversé la courbe du chômage ? Non, le nombre de chômeurs ne cesse d’augmenter. Mais on continue de nous expliquer que nous n’avons rien compris. Cela ne fait que renforcer la colère des salariés. On ne peut pas cautionner de telles politiques. Comble du comble, Manuel Valls prétend désormais que la CGT est responsable de tous les maux dans ce pays, y compris d’un possible échec de la gauche aux prochaines élections. Les sommets du cynisme et de la fuite en avant sont atteints : qui mène la politique dans ce pays, qui mène le gouvernement ? Chacun doit assumer ses responsabilités. La politique du gouvernement est critiquée. Le seul responsable, c’est celui qui la conduit.

Manuel Valls tente de vous renvoyer la balle en déclarant que refuser le dialogue « ne fait pas avancer la société ». Que répondez-vous ?

Philippe Martinez La CGT participe à toutes les négociations et porte la voix des salariés. Que fait le gouvernement ? Avec la loi Rebsamen, il a pris la main sur une négociation qui n’avait obtenu aucune signature et a inscrit dans la loi ce que demandait le Medef. Le gouvernement déclare également qu’il faut respecter la représentativité et les accords majoritaires. Dans la fonction publique, sa propre entreprise en quelque sorte, il vient de valider un accord minoritaire. Sont-ce là les signes d’une volonté de dialogue et de respect de la démocratie sociale ? Je renvoie la balle dans le camp du gouvernement. En matière de chômage, de recul du pouvoir d’achat, de retraite, il est l’unique responsable de la politique menée.

La négociation qui s’est achevée vendredi sur les retraites complémentaires est-elle une nouvelle illustration de cette impasse ?

Philippe Martinez Tout à fait. Non seulement l’objectif est à nouveau de réduire les dépenses mais dans les 6 milliards d’euros d’économies demandés, ce sont les salariés et les retraités qui payeront 5,4 milliards, quand le patronat donnera 600 millions. On est loin du 50/50, du donnant-donnant. Très loin de l’équité. De plus, cet accord officialise le rallongement de l’âge de départ à la retraite. Le gouvernement cautionnera-t-il la retraite à 65 ans ?

Dans ce contexte de reculs sociaux et de colère, quelles mesures d’urgence proposez-vous ?

Philippe Martinez De l’argent, il y en a beaucoup, sauf qu’une grande partie atterrit directement dans les poches des actionnaires, souvent de l’argent public, celui de nos impôts. Il faut inverser cette tendance. L’argent donné au patronat doit servir à augmenter les salaires, à réduire le temps de travail, à financer les services publics. Dans les hôpitaux, par exemple, la situation des personnels est dramatique. Plutôt que de toujours faire payer les salariés et d’exiger des mesures drastiques d’austérité au nom de la réduction des dépenses publiques, développons l’emploi et les salaires. Ce qui permettrait, de surcroît, d’assurer le financement de la protection sociale grâce à de nouvelles rentrées de cotisations sociales.

La concurrence internationale est souvent invoquée pour couper court à cette possibilité…

Philippe Martinez Si la modernité, c’est revenir au Moyen Âge, par exemple en ne disant rien sur la situation des salariées des compagnies aériennes du Qatar ou des Émirats qui doivent demander la permission pour se marier ou faire des enfants, nous n’en avons pas la même conception. Nous nous battons non pas pour que tout le monde vive le pire en choisissant comme objectif des références de déréglementations sociales partout sur la planète, mais pour le mieux-disant social pour tous. Pour cela, nous agissons dans un cadre national mais aussi européen et international. Travaillons pour l’immense majorité des citoyens que sont les salariés et non pas pour une minorité qui spécule et confisque le fruit du travail des autres.

Entretien publié par le journal l'Humanité

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04/10/2015

Much Loved. « S’il avait été vu au Maroc, le film aurait été compris »

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Présenté à la Quinzaine des réalisateurs de Cannes, ce film autour de l’existence de quatre prostituées marocaines a été interdit au Maroc. Entretien avec Nabil Ayouch, auteur de cette chronique sociale de Marrakech.

HD. Quelles sont les perspectives de diffusion de « Much Loved » au Maroc ?

Nabil ayouch. On est au point mort. Le film est toujours interdit. Je continue de me battre pour qu’il sorte, mais il n’y a pas de signes de déblocage. On avait la possibilité de créer un vrai débat public sur la prostitution et la condition des femmes. Malgré l’interdiction, il a commencé à naître. Je suis persuadé que, s’il avait été vu au Maroc, les spectateurs auraient compris pourquoi j’ai fait ce film. On ne leur en a pas laissé la possibilité.

HD. Comment avez-vous préparé le film ?

N. A. J’ai rencontré des prostituées et des gens qui gravitent dans le milieu de la nuit. C’est un vrai travail d’écoute, d’anthropologie, de psychologie, parce que, au bout d’un moment, beaucoup me prenaient pour un psy. Elles lâchaient tout. Cela a duré un an et demi. Il a fallu faire le tri. Elles m’ont donné le courage d’aller au bout de ce projet.

HD. Que vous inspire l’hypocrisie sociale et familiale qui entoure ces prostituées ?

N. A. Cela m’a toujours choqué. En soi, je peux accepter que des femmes se prostituent pour vivre et faire vivre leur famille. Je n’accepte pas en retour que ces familles les nient. Une société entière les rejette. Ce qui fait le plus de mal à ces femmes est de ne pas être entendues, écoutées. Une fille m’a dit : « Je leur donne tout. Mon amour, mon âme, mon coeur, mon sang. En retour, je demande juste un peu d’amour. Ils me voient comme une carte de crédit. »

HD. N’y a-t-il pas dans cette interdiction le désir de ne pas écorner l’image carte postale du Maroc ?

N. A. Un film n’écorne pas l’image d’un pays. C’est son interdiction qui l’écorne. Les gens ne sont pas stupides. Un film reste une proposition cinématographique d’un réalisateur. Il n’a pas un devoir de refléter l’image d’un pays. Si tous les gouvernements où se fait un cinéma frondeur avaient réagi comme cela, il n’y aurait pas eu « la Vie d’Adèle », « Love », « la Belle Saison », Scorsese avec « le Loup de Wall Street » ou « Taxi Driver »... Accepter qu’on puisse dire, débattre, critiquer des choses qui nous dérangent fait partie du processus de construction d’un état.

HD. Qu’en est-il de la liberté d’expression au Maroc aujourd’hui ?

N. A. Des progrès énormes ont eu lieu, notamment depuis les débuts du règne de Mohammed VI. Au niveau de la presse et même des artistes, les choses ont changé en mieux, en comparaison des pays arabes voisins. Le risque de reculade est gros. Pas seulement avec « Much Loved ». Ces derniers mois, des filles ont été poursuivies parce qu’elles portaient des jupes, un homosexuel a été tabassé. J’ai vu un véritable sursaut de la société civile marocaine. Des associations ont manifesté. Des avocats se sont constitués partie civile par centaines. Une partie du Maroc dit : « Non, on ne veut pas revenir en arrière. On ne veut pas de ce projet de société. » Le film fait partie de ce combat global.

HD. Vous avez créé la Fondation Ali Zaoua pour les enfants du quartier de Sidi Moumen à Marrakech. Pourquoi ?

N. A. Je crois à la culture de proximité. J’ai grandi à Sarcelles, en
banlieue parisienne. L’un des endroits où j’ai pu trouver refuge était un centre culturel, le forum des Cholettes. J’ai pu y apprendre à chanter, y découvrir le théâtre, y voir mes premiers films d’Eisenstein, de Chaplin, y assister à mes premiers concerts de Souchon. Ce centre était à la fois dans la transmission, l’apprentissage et la représentation. Quand, pour mon précédent film, « les Chevaux de Dieu », je suis arrivé à Sidi Moumen, d’où sont partis les kamikazes qui ont fait les attentats du 16 mai, les problèmes étaient les mêmes qu’à Sarcelles, c’est-à-dire une rupture du lien social et identitaire, le sentiment d’être des citoyens de deuxième catégorie. Je me suis dit que la culture de proximité avait un rôle à jouer. C’est pour cela que j’ai créé ce centre.

HD. Concrètement, que s’y passe-t-il ?

N. A. Concrètement, 400 gamins viennent chaque jour y apprendre à danser. Ils s’initient aux arts plastiques, au théâtre, aux langues, à la photo, voient des films, des expositions, assistent à des concerts. Ils s’approprient le lieu, et on y révèle des talents. L’art et la culture peuvent sauver des âmes, en tout cas offrir d’autres moyens d’expression que la violence.

Une fiction qui interroge l’hypocrisie sociale

Quatre femmes vivent d’amour tarifé. Elles sont désirées, honnies, aimées, manipulées, mais se battent envers et contre tous.

Poursuivant sa fascinante exploration de la société contemporaine marocaine, Nabil Ayouch s’arrête sur le quotidien de quatre prostituées. Dans cette chronique sociale captivante, le cinéaste montre des passes chez de riches Saoudiens dont le riad se mue ponctuellement en bordel, une histoire d’amour impossible avec un européen, des amants jaloux mais intéressés par l’argent, une mère de famille méprisant ouvertement l’activité professionnelle de sa fille en acceptant ses rétributions. il
filme les sans-voix, comme Saïd, personnage intrigant et taiseux, totalement dévoué à ces femmes. loin des cartes postales, ce Marrakech est pourtant illuminé par les crêpages de chignon et les rires des travestis. Ayouch interroge l’hypocrisie sociale et familiale, la frustration sexuelle omniprésente et le comportement de guerrières de femmes à la fois désirées et en but au mépris d’une société jalouse de leur liberté.

  • « MUCH LOVED », DE NABIL AYOUCH, 1 H 44, MAROC-FRANCE.
  • Parcours de Nabil Ayouch
  • 1969 : naissance à Paris.
  • 1997 : son premier long métrage, « Mektoub », s’inspire d’une affaire de moeurs ayant impliqué un commissaire des renseignements généraux, condamné à la peine capitale.
  • 2000 : « Ali Zaoua, prince de la rue » s’arrête sur le sort des enfants des rues. 2008 : il signe, avec « Whatever lola Wants », une histoire d’amour entre une Américaine et un Égyptien, sur fond de danse orientale.
  • 2012 : « les Chevaux de Dieu », film autour de la radicalisation religieuse de jeunes Marocains, est présenté à Cannes.
MICHAËL MELINARD, Humanité Dimanche
 
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02/10/2015

Affaire Morano : "Retirer le mot race de notre législation permettra une éducation populaire"

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Après les propos de Nadine Morano sur la "race blanche", le député PCF André Chassaigne milite pour la suppression du mot "race" du droit français.

Et si les récentes déclarations de Nadine Morano sur la "race blanche" étaient l'occasion d'un coup de balai dans le droit français ?

Les parlementaires de la gauche de la gauche ont demandé au gouvernement, mercredi 30 septembre, d'inscrire à l'ordre du jour du Sénat une proposition de loi supprimant le mot "race" de la législation.

Le texte, déjà adopté à l'Assemblée nationale en mai 2013, avait été déposé notamment par le président du groupe Gauche démocrate et républicaine, André Chassaigne.

Francetv info revient sur cette démarche avec l'élu communiste du Puy-de-Dôme.

Francetv info : Pourquoi avoir déposé, en 2012, ce texte visant à supprimer le terme de "race" de notre corpus juridique ?

André Chassaigne : Ce n'était pas une première, le sujet avait déjà été mis à l'ordre du jour en 2003, mais le texte avait été rejeté par la majorité [UMP] de l'époque. Il s'agissait pour nous de rappeler que l'utilisation du mot "races", au pluriel, est une ineptie complète. Il n'y a pas plusieurs races humaines (blanche, noire...), mais une seule race humaine.

En 1996, 600 scientifiques avaient répondu à Jean-Marie Le Pen sur le sujet de "l'inégalité des races""Les gènes n'ont pas de race", disait alors le généticien André Langaney. Son collègue Albert Jacquard a depuis écrit qu'il était "impossible de classer les différentes populations humaines en races".  Dès lors, on ne peut pas conserver dans nos textes un mot qui n'a aucune justification.

Que recherchez-vous précisément par cette démarche ?

Nous voulons éviter l'instrumentalisation du mot "race". Celle-ci a eu cours au XIXe siècle, au moment du colonialisme, pour justifier la supériorité d'une race sur une autre. L'actualité nous montre que l'instrumentalisation continue : si on dit que la population française est de "race blanche" dans son histoire et dans ses gènes, par opposition à d'autres "races", c'est inacceptable.

Nous avons besoin de faire de la pédagogie, de nous adresser aux consciences. Le fait de retirer le mot "race" de notre législation permettra, grâce à un débat, de donner des explications sur le sujet. Cela ne mettra pas fin au racisme mais permettra une éducation populaire. Trop de gens croient encore qu'il existe plusieurs races et qu'elles sont différentes. 

Quel a été le parcours de votre proposition de loi à l'Assemblée ?

Le texte a été voté à l'unanimité [le texte a été voté à main levée, avec quelques votes contre de l'UMP, selon Reuters], avec un avis favorable du gouvernement représenté par la ministre de la Justice, Christiane Taubira. Il était accompagné d'un rapport du député Alfred Marie-Jeanne, qui avait listé 59 articles contenant le mot "race" dans neuf codes et treize lois, dont la dernière remontait à 2008.

La proposition de loi est ensuite partie au Sénat, avec un quasi engagement du gouvernement de l'inscrire à l'ordre du jour. Les sénateurs communistes attendent toujours que le gouvernement le fasse.

Etes-vous confiant quant à une adoption prochaine de la proposition de loi au Sénat ?

Je suis assez optimiste. On espère qu'une décision sera prise lors de la prochaine conférence des présidents de groupe au Sénat, le 7 octobre. Le ministre des Finances, Michel Sapin, s'y est dit favorable, ce matin. Cela serait un geste fort pour remettre les choses en place et souligner l'usage fallacieux du mot "race".

Vous militez aussi pour une suppression du terme "race" de la Constitution elle-même, comme s'y était engagé François Hollande en 2012. Y croyez-vous ?

Oui, car ce n'est pas un texte clivant. Je vois mal un groupe parlementaire dire qu'il existe plusieurs races humaines. Recueillir une majorité des trois cinquièmes au Parlement ne devrait pas être un problème. Le seul obstacle pourrait être juridique, sur la forme, mais je n'y crois pas.

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06/09/2015

« Soral a rajeuni une frange de l’extrême droite »

soral.jpgRobin D’Angelo et Mathieu Molard, journalistes pour le site d’informations Street Press, sont les auteurs du livre « Le Système Soral, enquête sur un facho business », disponible aux éditions Calmann-Lévy.
 
Pourquoi vous-êtes vous intéressés à Alain Soral ?
Robin D’Angelo
Nous avons tous les deux entre 28 et 29 ans. Dans cette génération, on a tous des potes qui à un moment donné ont dit : « purée c’est intéressant ce que dit Soral ». Quelque soit leur milieu. Donc notre idée a été de raconter le parcours politique de Soral, la diffusion de ses idées, comment il a capitalisé sur un fait conspirationniste très présent depuis le 11 septembre, et comment il a ouvert les portes de l’extrême droite à un nouveau public.
 
Mathieu Molard
L’écho de Soral s’illustre en chiffres. Son site internet, Egalité & Réconciliation, effleure les 7 millions de visiteurs uniques par mois, soit une audience équivalente à celle d’un média comme Rue 89. Ses vidéos Dailymotion mises bout à bout font des millions de vues, ce qui le monétise au passage. Sans oublier tous les sites parallèles qui font partie de la « dissidence ». Ça nous intéressait de comprendre comment tout cela fonctionne, à la fois d’un point de vue idéologique : qu’est-ce qu’il y a derrière, quel est le système de pensée de Soral ; mais aussi d’un point de vue technique : son équipe a compris quelque chose pour en arriver là. Le système Soral est une mécanique bien rodée, qui avec très peu de moyens et très peu de militants actifs arrive à obtenir un écho très important. Au final, il y a à la fois la pensée de Soral, ses transgressions façon Jean-Marie Le Pen, et une stratégie numérique qui est extrêmement efficace.
 
Que raconte votre livre ?
Mathieu Molard
C’est un sujet très peu traité en longueur et en profondeur. C’est le premier livre consacré intégralement à Alain Soral. Une grande partie du contenu est donc inédit et exclusif. Soral s’est créé une légende, que l’on a souhaité déconstruire. Il joue du flou en permanence. On a voulu apporter de la clarté. On dévoile son parcours, les ressorts simplistes de son remix idéologique, le fonctionnement de son business, son soi-disant passage au PCF, invérifiable, puis son passage bien réel au Front national, etc… Il ne s’agit pas d’une biographie mais d’un livre politique. On a choisi de ne pas s’attaquer à sa vie privée. On part de ce qu’il raconte lui, de ce qu’il met en scène, et on déconstruit cette légende : son « diplôme » de boxe, les manifestants qu’il a payé pour défiler avec lui, son travail d’éditeur, ses liens avec la « dissidence », son soit disant courage et cette « virilité » qu’il met sans cesse en avant, son rapport à l’écologie, etc… On a creusé. Et on a trouvé par exemple qu’il avait mis sur pied une cellule destinée à infiltrer l’encyclopédie en ligne Wikipédia pour en modifier le contenu.
 
Qu’est-ce qui explique selon vous son succès idéologique ?
Robin D’Angelo
C’est difficile de répondre. Il s’agit d’une addition de facteurs. Les partis traditionnels attirent de moins en moins, il y a une crise de confiance envers les hommes politiques, envers les médias… Et puis il y a la force de frappe d’internet grâce à laquelle n’importe quelle personne charismatique peut créer un mouvement autour de lui. C’est un peu un mélange de tout ça. Sur le fond, Soral se présente comme le porte parole d’un peuple opprimé contre des minorités qui bénéficieraient de toutes les aides. Ils jouent sur les oppositions et les frustrations. Après, quand on rencontre des fans d’Egalité et réconciliation, il y a peu de tout : des étudiants, des chômeurs, des Français issus ou non de l’immigration… Lors des dédicaces faîtes par Soral, on trouve beaucoup d’étudiants qui font de longues études qui savent répéter par cœur un discours soralien à la fois rodé et complètement absurde. Pour les fans, la sphère Soral est une bulle d’oxygène, c’est comme ça qu’ils le disent. Ça dépasse l’argument politique. Il y a un aspect transgressif, des gens qui ont envie de se lâcher, de se moquer, de défier les puissants, le système, l’oligarchie. Soral leur donne un exutoire. Son grand truc, c’est la théorie du complot en donnant des boucs émissaires. Et il enrobe le tout de conceptions pseudo sociologiques et historiques pour justifier ses pulsions haineuses.
 
Mathieu Molard
Sur l’idéologie, il n’y a rien de nouveau, mais Soral sait très bien le mettre en scène : il désigne des boucs émissaires. Et c’est à ce titre là qu’il est très clairement à mettre à l’extrême droite. Ses boucs émissaires, ce sont les juifs, sur lesquels il multiplie les attaques, mais aussi les homosexuels, les féministes, les bobos, les francs maçons, bref, tout ce qu’il appelle « la tyrannie des minorités ». Il joue de la confusion sur beaucoup de thématiques. Il dit toujours qu’il n’est pas raciste, qu’il n’a rien contre les « juifs du quotidien », mais il les cible constamment. Chez ses fans, il y a beaucoup de frustration, soit face à une absence d’intégration sociale, soit à travers une frustration dans l’espoir, devant la démonétisation de la politique à tous les niveaux. La porte d’entrée, c’est surtout sa critique et la remise en cause du système. Lui et ses partisans s’appellent entre eux les « dissidents ». Ils se prennent pour des résistants qui se rebellent. Sa conférence donnée à Marseille joue beaucoup sur une mise en scène de la clandestinité : d’abord le lieu n’est pas donné, puis il est envoyé par texto la veille en donnant rendez-vous sur un parking. Et depuis le parking, encadré par un service d’ordre l’Action française, la troupe va dans une salle proche. Après, c’est très dur de faire la typologie du soralien. Beaucoup ont essayé, mais je pense que c’est un piège. Ce qui ressort, par contre, c’est que ces fans sont surtout jeunes : l’immense majorité à moins de 40 ans.
Il faut aussi que la gauche se regarde en face par rapport à ça. Les propositions politiques, la présence et le maillage du PCF dans les banlieues populaires, ça n’a plus rien à voir avec ce que ça a pu être… Tout ça participe à une déshérence globale.
 
Et comment fonctionne son « système » ?
Mathieu Molard
Ça n’a rien à voir avec un parti traditionnel, qui entend gagner des élections, arriver aux responsabilités, etc… Egalité & Réconciliation base toute sa stratégie sur le buzz, sur une présence très forte sur Internet, qui, avec très peu de militants, arrive à se répercuter énormément et surfe sur la vague de la théorie du complot en la nourrissant au maximum, en permanence. Sa stratégie est très gramscienne, il cherche à faire avancer ses idées au sein de la société, dans les mentalités.
 
Dans votre livre, vous accordez un long chapitre, très détaillé, sur le passage de Soral au Front national. Vous dîtes qu’il est entré par la gauche du FN et qu’il en est sorti par la droite. A-t-il « rajeuni », au passage, cette droite de l’extrême droite ?
Robin D’Angelo
Soral a tapé dans l’œil de Jean-Marie Le Pen. Chez lui, ce qui a beaucoup plu au FN, c’est qu’ils ont vu qu’il était capable d’amener des jeunes, et des anciens de la gauche, à une époque où ce parti n’arrivait pas à s’adresser aux jeunes. Par la suite, Soral s’est fait une place à la droite de l’extrême droite. Une place qui était plutôt disponible, déjà parce que le FN commençait dans les années 2000 à 2010 sa mue pour tenter de se dédiaboliser, mais aussi parce que l’extrême droite radicale était bien ringarde. Qui lit Rivarol aujourd’hui ? Peu de gens de moins de quarante ans. Emmanuel Ratier, qui vient de décéder, n’était connu que dans des sphères marginales. Soral, lui, a su séduire des jeunes et s’imposer. Il a rajeuni une frange de l’extrême droite.
 
Mathieu Molard
Le FN a mis le pied à l’étrier à Soral. Même Marine Le Pen, qui s’en méfiait, lui a tressé des lauriers et l’a invité en 2006 à chanter un karaoké avec elle à la grande Fête des Bleu-Blanc-Rouge organisée par le FN, car elle le savait utile. David Rachline, aujourd’hui sénateur-maire de Fréjus qui a pris ses distances avec Soral, est à l’origine un bébé soralien. Dans notre livre, on raconte comment le FN a apporté un soutien actif à la création d'Egalité & Réconciliation. Et parmi les membres fondateurs de l'association (E&R) on trouve notamment Philippe Péninque, l'un des plus proches conseillers de Marine Le Pen.
Mais l’extrême droite de Soral se veut aujourd’hui pop par rapport au FN, qui est à ses yeux devenu un parti du système, ou qui essaie de le devenir. Le Pen père avait mené une sorte d’OPA sur les mouvements les plus extrémistes. Marine Le Pen essaie de se recentrer et laisse un espace très sulfureux se libérer. Soral n’est pas le seul à s’y engouffrer. Mais il y arrive bien, et ouvre les portes de l’extrême droite à un nouveau public : des jeunes des quartiers populaires, des gens venus de la gauche, des gens qui n’ont pas l’impression d’être d’extrême droite. Comme porte d’entrée, il surfe aussi sur le terrain de l’écologie, sur le côté décroissant, alors que Soral est un motard qui pense pis que pendre de l’écologie et qui nie même le réchauffement climatique. Il parle de retour à la terre, organise des stages survivalistes où le gros des activités n’est pas paramilitaire : c’est plutôt de la permaculture.
 
Comment avez-vous fonctionné pour cette enquête ?
Mathieu Molard
On a rencontré beaucoup de monde, plus d’une centaine d’intervenants qui ont côtoyé Soral ou fait partie de son mouvement. On a donné la parole à pas mal de gens qui sont toujours aujourd’hui dans la mouvance soralienne, pour qu’ils nous racontent le fonctionnement du personnage et de son mouvement. A part pour assister au cours de boxe de Soral, on n’a fait aucune infiltration. Je considère que l’infiltration ne se justifie que lorsqu’on y est obligé, et ça n’a pas été le cas à part pour cette séance de boxe. L’essentiel des infos recueillies dans ce livre vient donc d’interviews, durant lesquelles on s’est présenté en tant que journalistes. On a créé une relation de confiance, en posant surtout des questions sur le fonctionnement du mouvement. Des gens ont eu envie de parler, de nous donner des informations que l’on a systématiquement recoupées. Le fait d’appartenir à la rédaction de Street Press nous a aidé. Les interlocuteurs étaient bien plus prêts à nous répondre que si on avait été à TF1…
 
Du coup, pouvez-vous présenter Street Press ?
Robin D’Angelo et Mathieu Molard
C’est un site d’enquêtes et de reportages sur la région parisienne essentiellement, à destination des 20 - 40 ans. On essaie de traiter uniquement des sujets qui ne le sont pas dans d’autres médias. Environ à 99% du contenu recueilli sur le site l’est par nous même. On évite au maximum les reprises. On considère que ce qui est traité ailleurs n’a pas besoin d’être traité par nous. Notre travail est de donner une plus-value à chaque fois par de nouvelles infos que l’on recueille.
 
Dans l’ascension de Soral, la rencontre avec Dieudonné joue-t-elle un rôle important ?
Mathieu Molard
Le rôle de Dieudonné est clé. Sans cette rencontre, Soral existerait beaucoup moins médiatiquement, et aurait moins touché de personnes venues de la gauche. Dieudo avait une popularité de départ très très large, c’était une icône des quartiers populaires, des banlieues, qui attirait les caméras. Soral s’est posé à côté de lui, puis lui a fourni une architecture idéologique. Beaucoup placent le point de rupture de Dieudonné chez Fogiel, mais cela commence bien avant. Dieudonné avait déjà des idées proches de Soral, et Soral lui a donné une cohérence.
 
Vous faîtes aussi dans ce livre un point sur le business de Soral ?
Robin D’Angelo
Ce qui est intéressant c’est de voir qu’il a réussi à capitaliser sur une demande liée à ce qu’il appelle la « dissidence ». La question n’est pas de dire : « Regardez, il s’en met plein les fouilles ! », parce qu’en réalité il ne gagne pas non plus des sommes astronomiques, même s’il s’agit d’un business lucratif. Ce qui nous intéresse, c’est de montrer comment il a réussi à faire une OPA sur la droite de l’extrême droite et sur les complotistes, et comment il décline le tout au milieu d’une tambouille idéologique avec de nombreux produits qui marchent. Il vend des produits éco-responsables avec son épicerie Au Bon Sens, des vins de terroir avec Sanguisterrae, des stages de survie avec Prenons le maquis, qui sont des vitrines de la SARL Culture pour Tous, qui a eu un chiffre d’affaire déclaré de 640 400 euros en 2012.
 
Il y a aussi sa maison d’édition, Kontre Kulture ?
Robin D’Angelo
Il réédite de nombreux ouvrages tombés dans le domaine public. On trouve un peu de tout. Il y a par exemple du Jean-Jacques Rousseau. Mais ce qui est significatif, c’est qu’il réédite de nombreux classiques de la plus dure littérature antisémite qui soit, avec des couvertures au design moderne, dont La France juive de Drumont, au milieu d’une foule de titres dans cette veine : 21 au total sont consacrés aux juifs.
 
Quand on voit la stratégie d’entrisme chez Wikipédia, on peut se demander si Soral, qui dénonce le « conspirationnisme mondial » n’adopte pas les pratiques qu’il prétend dénoncer…
Robin D’Angelo
Tout à fait, d’autant plus que cette stratégie sur Wikipédia est sans doute utilisée sur plein d’autres sites internet. Les théories et les topics soraliens sont par exemple très présents sur le forum de jeuxvideo.com, très populaire chez les jeunes. On peut imaginer qu’il y a sur ce site aussi une stratégie d’entrisme, mais qui dans ce cas là ne vise pas le contenu éditorial propre du site…
 
Mathieu Molard
A Egalité & Réconciliation, tout le monde fonctionne par pseudo. Même les gens du premier cercle ne connaissent pas l’identité du créateur du site internet.
 
Alain Soral a-t-il un programme politique ?
Mathieu Molard
Absolument aucun. Son programme c’est d’être contre. Il n’a aucun projet. Il parle de sortir de l’Union européenne, de l’OTAN, de changer de système, mais il ne propose rien. Il dénonce. Sur son site il n’y a pas de rubrique programme ou projet. Il agglomère la colère et la bêtise sans rien proposer. Son objectif est de rassembler des horizons très divers dans la contestation. Il agglomère beaucoup comme ça. S’il faisait des propositions concrètes, il risquerait de diviser tous ceux qui viennent d’horizons différents... Il ne fait pas vraiment de politique.
 
Robin D’Angelo
Il reste dans son rôle de chroniqueur, d’essayiste. Il a créé un mouvement qui n’est dédié qu’à sa gloire mégalomane et à son effigie. Il influence. Tout le délire des soraliens c’est la méta-politique, c’est d’influencer plutôt que de se présenter et d’imaginer vouloir gagner des élections. Rien n’est fait pour. Un des sites phares de la « dissidence » ne s’appelle pas Meta TV pour rien. Et ça marche. Si Soral n’influence pas la sphère des hommes politiques de façon majeure, il fait progresser dans l’opinion un certain nombre d’idées.
 
Considérez-vous que l’ampleur de la diffusion des idées de Soral est mal mesurée ?
Mathieu Molard
Sur le terrain, toutes les semaines, il y a quelque part en France un rassemblement avec Alain Soral ou un de ses proches. A Mulhouse, la conférence de Marion Sigaut, pseudo historienne de seconde zone, a été capable de réunir 100 personnes pour parler de Voltaire. Je pense que si demain le plus grand spécialiste français de Voltaire vient dans la même salle à Mulhouse, il n’y aura même pas 30 personnes. Cela prouve que le label Soral, ça marche et ça attire. Toute cette ampleur, c’est quelque chose qui je pense est assez mal mesuré.
 
*Robin D’Angelo et Mathieu Molard seront présents au village du livre à la Fête de l’Humanité
 
Entretien réalisé par Aurélien Soucheyre
Vendredi, 4 Septembre, 2015
Humanite.fr
 
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